Avec les prairies de longue durée, faite Avec les prairies de longue durée, faites simple et efficace
La prairie permanente, ou de longue durée, retrouve la place qu'elle mérite dans les systèmes fourragers français. C'est d'abord une culture économe, qui répond à des enjeux de production mais aussi de préservation de l'environnement. Mais ces prairies multiespèces sont des écosystèmes fragiles parfois difficiles à gérer. Les sécheresses successives, le piétinement des animaux, une surexploitation ou au contraire une sous-exploitation bouleversent l'équilibre de la flore au profit de plantes sans valeur agronomique.
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Un des premiers leviers pour réparer ces prairies fatiguées peut être la fertilisation organique qui valorise les effluents de l'élevage. Lisier, fumier, compost n'auront pas le même effet sur la production ou sur la flore. Les actions mécaniques réparatrices auront ensuite un rôle restructurant. Pour cela, il existe une large gamme d'outils plus ou moins sophistiqués qui travaillent à différents niveaux du sol. On peut y inclure le sursemis à l'aide de semoirs spécifiques. Lorsque l'état de dégradation est trop avancé, il n'y a d'autre choix que de pratiquer une destruction suivie d'un ressemis. Dans ce cas, tous les protocoles ne se valent pas.
- Les rendements plus élevés avec l'engrais minéral - Témoignage de Jean-Claude Astier , éleveur dans le Puy-de-Dôme
herse lourde , herse polyvalente , décompaction profonde , herse à tapis , herse à raclette , herse étrille , semoir à semis direct , décompacteur lourd à rotor , semis direct , scarificateur à dents vibrantes
- Sept protocoles de rénovation d'une prairie permanente - Le diagnostic floristique - Attention au toxines - Témoignage de Claude Skrzypczak , éleveur dans le Puy-de-Dôme |
Quelle fertilisation, pour quels rendements et quelle flore
Trois ans d'essais dans le Massif central montrent les limites mais aussi l'intérêt des différents effluents sur la prairie.
Quel est l'intérêt agronomique des effluents de ferme, compostés ou non, sur le rendement des prairies et leur régénération? Pour acquérir des références sur ce sujet, les chambres d'agriculture du Massif central ont créé en 2004 un groupe en charge du compost qui réunit onze départements et treize sites d'essais.
Des valeurs N, P, K très variables
Les valeurs fertilisantes des fumiers, composts et lisiers ont été systématiquement mesurées sur chaque site expérimental. Les résultats sur trois ans montrent surtout une grande variabilité pouvant aller du simple au double. Un compost de fumier de bovins à lait a une valeur moyenne de 5,83 unités d'azote (N) par tonne, 3,54 de phosphore (P) et 10,14 de potasse (K). Les lisiers, souvent dilués, sont à 1,53 de N, 0,73 de P et 2,07 de K par mètre cube. «Les valeurs fertilisantes des fumiers et composts employés sont en moyenne inférieures de 10 à 20% aux normes généralement employées. Cet écart peut s'expliquer par la prédominance de systèmes d'alimentation à base d'herbe et utilisant moins de concentrés. D'où l'importance de faire analyser les effluents pour mieux maîtriser la fertilisation», note Stéphane Violleau, conseiller à la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme.
Le dispositif expérimental, identique sur tous les sites, compare un témoin sans fertilisation avec un apport d'engrais minéral (80 N en première coupe + 30 N par coupe supplémentaire, 60 P et 120 K). Suivent les apports organiques seuls: fumier (15 t/ha), compost (10 t/ha) et lisier (20 m3/ha). Les essais ont aussi évalué le doublement de ces doses sur la prairie. Chaque année, on a mesuré les rendements après une à trois coupes de foins. L'état de nutrition en N, P et K des plantes prairiales a aussi été étalonné. Enfin, l'effet des différentes fertilisations sur la qualité des prairies a été évalué en comparant les taux respectifs de graminées, de légumineuses et des diverses dicotylédones, plutôt indésirables.
Plus de rendements avec l'engrais chimique
Malgré un effet année évident, les mesures de rendements, tous sites confondus, montrent que le témoin sans fertilisation produit toujours moins et l'engrais minéral toujours plus. Ensuite, le lisier est supérieur au fumier, lui-même au-dessus du compost. «Dès la première année, le lisier a un effet significatif sur le rendement, effet qui évolue peu par la suite. Le compost et le fumier ont des effets plus faibles la première année mais ils tendent à se rapprocher du lisier par la suite», précise Stéphane Violleau.
La fertilisation organique ne suffit pas pour l'azote
L'état de nutrition des plantes est riche d'enseignements. La fertilisation organique seule, même à fortes doses, ne couvre pas les besoins en azote, premier facteur du rendement. « Cela peut suffire à une prairie peu intensive mais pas pour trois coupes », prévient le conseiller à la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme. A l'inverse, une simple dose de fumier de compost ou de lisier couvre les besoins en phosphore et en potasse. « Dans un premier temps, il convient donc d'ajuster la dose de fumier, lisier et compost de façon à couvrir les besoins en P et K de la prairie. Dans un second temps, il faut compléter avec un apport d'azote minéral en fonction de l'objectif de rendement », explique Stéphane Violleau.
Le lisier salit davantage
Le témoin reste bien pourvu en légumineuses. L'engrais minéral les pénalise logiquement au profit des graminées, mais sans accentuer le salissement. Le lisier est celui qui détériore le plus la qualité des prairies, avec un effet "dose" marqué à 40 m3/ha. Le compost permet de réduire le salissement, tout en maintenant un bon taux de légumineuses. Le fumier est intermédiaire. «Au regard de ces résultats, on pourrait conclure que le compostage du fumier, du fait des pertes en azote qu'il induit (environ 30%), conduit à acheter plus d'engrais minéral. Mais à plus long terme, en tenant compte de la part plus importante de légumineuses, on fixe davantage d'azote gazeux. En outre, les frais de compostage sont compensés par les coûts d'épandage plus faibles et la possibilité de passer sur une plus grande surface à tout moment de l'année. L'apport de fumier frais en surface est déconseillé et le lisier est à réserver pour des apports précoces de fin d'hiver», précise Stéphane Violleau. Il ajoute qu'une prairie peu fertilisée et surexploitée verra sa flore se dégrader, tout comme une prairie conduite de façon plus extensive mais trop fertilisée. C'est un équilibre à trouver. «Dans tous les cas, il vaut mieux privilégier des apports organiques modérés mais réguliers tous les ans aux apports massifs mais ponctuels», conclut Stéphane Violleau.
Témoignage: JEAN-CLAUDE ASTIER, éleveur dans le Puy-de-Dôme et président du groupe en charge du compost dans le Massif central «Le coût de la paille handicape le compost»«Avec 65 laitières sur aire paillée et 99 ha de prairies, nous pratiquons depuis plusieurs années le compostage du fumier. C'est un produit facile à faire (deux passages du retourneur en deux mois) et surtout économique à transporter et à épandre. L'autre intérêt est de pouvoir en mettre partout et toute l'année, sans problème d'odeur ou d'appétence des pâtures. Exemple: un curage de janvier de la stabulation peut être épandu avant la mise à l'herbe. Nous avons aussi constaté une part plus importante de légumineuses. Nous sommes à la dose de 10 t/ha afin de passer partout. C'est suffisant pour l'apport de P et K des prairies. Elles reçoivent un complément d'azote minéral en fonction de leur portentiel de production. Cela varie de 0 unité sur les parcours à 200 unités s'il y a plusieurs coupes. Les seuls handicaps: le volume et le coût de la paille nécessaire. Nous l'avons achetée à 23 €/t dans le champs en 2007. C'est pourquoi beaucoup d'éleveurs s'orientent vers des bâtiments à logettes avec le lisier comme effluent.» |
Entretien mécanique: dix outils en action
De la herse légère jusqu'au scarificateur lourd, en passant par les outils polyvalents et les semoirs de semis direct, l'offre est vaste pour régénérer une prairie.
L'action mécanique, pour réparer ou régénérer une prairie, n'est pas nouvelle. Reconnaissons que ce sont les éleveurs en agriculture biologique qui ont été les plus persévérants sur cette technique. Depuis quelques années, l'intérêt se généralise et nous voyons apparaître régulièrement de nouveaux outils spécifiques aux fonctions diverses. Les objectifs de cette action réparatrice peuvent être multiples. Etaler les bouses et les taupinières pour une récolte plus facile et un fourrage propre; réparer les dégâts dus au piétinement des animaux, ceux du gibier ou des ravageurs, mais aussi relancer une activité biologique de la prairie en panne à la suite d'une surexploitation, d'accidents climatiques ou de son vieillissement. «Je distingue plusieurs types d'actions régénératrices: la plus simple consiste en un simple nivellement assuré par des dispositifs à raclette. Des actions plus dynamisantes peuvent être réalisées par des outils plus agressifs comme la herse étrille qui a un rôle d'émoussage et de désherbage. Enfin, la scarification, destinée à redynamiser l'activité biologique, n'est possible qu'avec des outils à dents capables de pénétrer dans le réseau racinaire pour un travail d'aération et de relance du tallage. Cela peut être sur 3 ou 4 cm de profondeur ou beaucoup plus avec certains outils très specifiques», explique Frédéric Moreau, conseiller en machinisme à la chambre d'agriculture de la Haute-Vienne. Au-delà de l'action mécanique, apparaissent maintenant des semoirs étudiés pour le rechargement des prairies par semis direct. Ils ont tous une capacité de pénétration dans le tissus de la prairie, de faibles écartements entre les rangs et surtout une parfaite maîtrise de la profondeur de semis, premier gage de réussite.
Haute-Vienne: quatre outils testésLa chambre de la Haute-Vienne a évalué l'impact de différents outils sur une prairie dégradée ou présentant beaucoup de trous dans son peuplement. Quatre matériels sont comparés: le semoir Aitchison et les herses Huguenin, Hauswirth et Carré. Cette dernière a aussi été utilisée avec un semoir pneumatique pour un sursemis. En octobre 2006, six bandes ont été balisées. Objectif: observer sur trois ans, en mesurant la compaction du sol, le potentiel fourrager et la nature de la flore. A l'automne de 2007, premier constat: «Le développement végétatif est plus important sur les bandes hersées que sur le témoin. La présence d'adventices n'a pas été limitée avec la Huguenin, mais l'émoussage est efficace. La compaction du sol est moindre avec les herses permettant une scarification sur au moins 4 cm. On relance ainsi l'activité biologique du sol et la reprise de la végétation est plus rapide au printemps. Enfin, les deux bandes sursemées ont une proportion de graminées et de TB plus intéressante», estime Frédéric Moreau, conseiller en machinisme. |
Dix outils d'entretien de la prairie
1. HERSE LOURDE: multifonction, de type Prairial, de Carré
La scarification est assurée par deux rangs de couteaux (réversibles et montés sur ressort). Leur agressivité, réglée par une barre de poussée à vis, permet de les redresser ou de les incliner. La profondeur de travail peut aller jusqu'à 8 cm en jouant sur les roues de terrage. Derrière ces couteaux, deux rangées de lames crénelées nivellent et étaupinent. Le troisième élément du Prairial est une herse étrille à deux rangées de dents. Son agressivité est réglable. Il est possible d'ajouter un semoir pneumatique DPA pour recharger la prairie. L'ensemble, en 6 mètres, pèse 1,6 tonne.
L'avis d'un utilisateur: ALAIN VILLIER, éleveur dans le Doubs «A l'automne, après les vaches»«Nous avons acheté le Prairial (Carré) à 11.000 € il y a deux ans. Nous sommes six à l'utiliser, pour 350 ha et 7 €/ha. Le prix peut paraître élevé, mais c'est du solide. Au niveau agronomique, je suis très satisfait. Je l'utilise sur 60 ou 70 ha de prairies. A mon avis, la meilleure période est l'automne, après le dernier passage des animaux. On peut aussi l'utiliser en hiver avant la reprise de la végétation, si les conditions s'y prêtent. Vu le poids, les couteaux descendent bien dans le tapis racinaire. Le travail des lames et de la herse étrille est aussi très efficace pour niveler et émousser. Mais il faut évaluer le résultat sur le moyen terme.» |
2. HERSE POLYVALENTE: de type Ponge
Un outil évolutif et polyvalent. La base est un bâti tubulaire assez lourd, à l'avant duquel sont boulonnés des couteaux tous les 20 cm qui coupent verticalement. Ensuite, une lame solidaire du châssis assure une coupe horizontale, arase et nivelle tout ce qui dépasse en surface. Des racleurs montés sur ressort terminent le travail d'ébousage et d'égalisation. La herse arrière peut être équipée d'une rangée de dents vibrantes munies de socs qui scarifient sur 3 ou 4 cm de profondeur. Sur un autre modèle, la herse arrière est équipée de deux rangées de dents étrilles pour assurer l'émoussage.
L'avis d'un utilisateur: CUMA DE LA MOTTE, dans la Nièvre «Pour niveler et scarifier»«Nous sommes sept adhérents engagés sur le régénérateur Ponge de 6 m pour 144 €/an. Certains l'utilisent surtout pour niveler, en particulier après les dégâts de sangliers. Moi, je l'utilise aussi pour un travail de scarification dans mes sols sableux ou limoneux où la flore a tendance à se dégrader. Les couteaux suivis par la lame en V, puis les racleurs, assurent un bon étaupinage. Les pieds de jonc n'y résistent pas. La herse avec dents à couteaux scarifie sur 2 ou 3 cm. Je l'utilise en hiver mais aussi en août. Si on a la chance d'avoir un peu d'eau ensuite, la pousse d'automne est spectaculaire.» |
3. DÉCOMPACTION PROFONDE: de type Herbasol, d'Actisol
Pour réactiver une paririe très compactée, on peut travailler en profondeur avec l'Herbasol dont les dents descendent à plus de 20 cm. Un disque tranche le tissu racinaire. Derrière, une dent droite travaille le sol sur différentes strates. Elle est assez fine et fluide pour ne pas remonter de pierres ou de terre. Deux ressorts de compensation ont à la fois une fonction «non stop» et envoient des ondes de choc jusqu'à la pointe de la lame. Un rouleau assure le contrôle de la profondeur. L'outil en 3 m peut être équipé de cinq ou six dents dans les terres plus argileuses. Il faut 15 ch par dent.
L'avis d'un utilisateur: PASCAL COUDRAY, éleveur bio (Ille-et-Vilaine) «Il relance la fertilité du sol»«J'ai acheté l'Herbasol en 2003. Il s'inscrivait dans mon protocole de conservation des sols et du non-labour. Je ne suis pas déçu. C'est un outil qui a un bon impact sur la structure du sol et qui réactive la fertlité naturelle des prairies. Je l'utilise sur les parcelles compactées par le piétinement des animaux. C'est un travail en profondeur (15 cm, pas plus) qui s'associe à d'autres techniques de régénération: le scarificateur de surface et la fumure organique. Le disque, devant, coupe bien le sol et évite des arrachements. Le travail est propre, à condition de se maintenir à 5 ou 6 km/h. Il faut au moins 80 ch pour cinq dents.» |
4. HERSE À TAPIS: de type Ecomulchh, de Huguenin
Ce type de herse émousseuse équipé d'un dispositif à tridents reliés à des maillons de chaînes, assure un émoussage et un ébousage satisfaisants. En revanche, cette herse nivelle peu le pas des animaux et délite peu le fumier présent sur la parcelle, selon les essais réalisés par la chambre d'agriculture de la Haute-Vienne. Pour plus d'efficacité, il est conseillé de plaquer le châssis au sol, de manière à peser sur les dents. Le travail d'aération est faible.
5. HERSE À RACLETTE: de type Josquin, Bottin
Ce sont des outils intéressants sur taupinières et pour le nivellement mais le travail d'émoussage et de sacrification est plus limité. Des peignes situés à l'arrière de l'outil permettent de répartir du fumier épandu. Pour un bonne efficacité et pour limiter l'usure, la vitesse de travail n'est que de 5 ou 6 km/h.
6. HERSE ÉTRILLE: de type Pichon, Einbock...
C'est sans doute l'outil le plus commun. Il est équipé de cinq ou six rangées de dents flexibles de 6 à 8 mm de diamètre et espacées de 2 à 2,5 cm. L'agressivité des dents est réglable et la vitesse de travail de 15 km/h. Ce matériel assure un bon travail d'émoussage et une scarification très superficielle. Pour un étaupinage, il faut y associer des raclettes. La terre fine que laissent les dents peut permettre un sursemis avec des résultats souvent aléatoires.
7. SEMOIR À SEMIS DIRECT: de type Seed Matic, d'Aitchison
C'est un outil destiné au sursemis avec ou sans désherbage total. A l'avant, une rangée de disques tranchants. Derrière, un soc en forme de patte d'oie est monté sur une dent à deux spires (16 dents pour un 2,40 m de largeur de semis). Le soc pénètre dans le feutre de la prairie et dégage les débris végétaux. Les graines sont déposées au fond du sillon et la vibration de la dent génère de la terre fine qui les recouvre sans refermer le sillon. En forme de T inversé, celui-ci capte et conserve l'humidité mais aussi la lumière pour un meilleur réchauffement.
L'avis d'un utilisateur: ANTON SIDLER, éleveur (Orne) «Je fais de 150 à 200 ha par an»«J'ai acheté ce Aitchison il y a quatre ans (16.000 €). Un 3 m polyvalent avec lequel je sème quasi tout: céréales, intercultures, maïs et bien sûr les prairies. En rechargement des prairies, il faut être en bonnes conditions de terrain, que ce soit à l'automne ou au printemps. Le semoir a un effet de scarification et d'aération. Le rouleau arrière équipé d'une chaîne nivelle la surface. Il m'arrive de repasser derrière avec un rouleau packer pour rappuyer. En cas de rénovation après destruction chimique, je conseillerais de semer sans attendre que la végétation ait jauni. Ainsi, les racines mortes ne gênent pas. C'est aussi une question d'image: ne pas laisser tout l'hiver une parcelle jaune. La précision du semis est très bonne et le réglage, facile. La vitesse de travail optimale est de 7 ou 8 km/h.» |
8. DÉCOMPACTEUR LOURD À ROTOR: de type Aairsol, de Grégoire
Il s'agit d'un outil destiné à l'aération des prairies avec pour objectif améliorer la circulation de l'air et de l'eau. L'Aairsol est composé de deux rotors munis de couteaux autoanimés (64 couteaux en 3 m). C'est l'avancement, le poids de la machine (800 kg) et un éventuel lestage (qui peut aller jusqu'à une tonne) qui fait pénétrer les couteaux dans le sol. Il provoque un trou et un foisonnement. Celui-ci est modulable grâce au réglage angulaire du rotor (de 0 à 7°). Un attelage à trois points est proposé pour associer un outil comme une herse de prairie, un rouleau, etc.
L'avis d'un utilisateur: MARC-ÉTIENNE PACHE, éleveur dans le Puy-de-Dôme «Pour l'activité microbienne»«J'ai acheté un Aairsol il y a cinq ans: le résultat est excellent. Les couteaux entrent dans le sol jusqu'à 15 cm. L'objectif est de relancer l'activiter microbienne en cassant cet humus stable qui se forme sous la prairie. On apporte de l'air, de l'eau, avec un épandage de fumier, de l'azote et du carbone. Chez moi, le mieux est d'épandre un fumier pas trop décomposé à l'automne et de passer avec l'Aairsol quand la terre est encore chaude. On alimente ainsi les bactéries du sol et la reprise au printemps est bien plus rapide. Sur une bande-témoin, j'ai mesuré une différence de 10 à 15 cm de hauteur d'herbe. Je remarque aussi une évolution de la flore avec davantage de trèfle et de légumineuses. C'est un bon outil pour relancer des prairies fatiguées, ce qui peut éviter de les casser.» |
9. SEMIS DIRECT: de type Herbamat, de Köckerling
Ce semoir permet un espacement entre les rangs de 8 cm. Ici, c'est un coutre qui ouvre le tapis racinaire. Derrière, une petite cale écarte le sillon avant la dépose de la graine. Un sabot, monté sur des vérins hydrauliques, rappuie le sillon sans enterrer la graine. L'objectif est d'avoir une maîtrise de la profondeur de semis et de laisser de la lumière et de l'humidité à la graine.
10. SCARIFICATEUR À DENTS VIBRANTES: de type Hauswirth, Doucet, Aairsem...
Des couteaux d'arasement sont montés en quinconce sur dents souples. Egalement sur dents souples, suit une lame de raclage. Enfin, deux rangées de scarificateurs sur dents vibrantes permettent un travail sur les deux ou trois premiers centimètres de la prairie. Le nivellement est bon, mais l'action d'émoussage n'est pas son point fort. La vitesse ne doit pas dépasser 8 km/h.
Renouvellement par ressemis: quel itinéraire adopter
Dans la Creuse, huit protocoles d'installation d'une prairie longue durée sont en test. L'année 2007, pourtant favorable aux fourrages, a été riche d'enseignements.
La Creuse est un département très herbager: environ 70% de la SAU se compose de prairies. Elles ont souffert des sécheresses de 2003 et 2005, notamment dans les parcelles caillouteuses situées sur les coteaux. La flore est souvent dégradée et le labour, difficile, voire impossible. C'est ce qui a incité le groupement agricole de Bourganeuf à conduire un essai sur différents protocoles de renovation sans labour d'une prairie permanente. Deux hectares appartenant à un éleveur de Fontloup ont été mis à disposition. «Outre le non-labour, nous souhaitions répondre à plusieurs questions: désherbage chimique ou pas? Semis direct ou semoir traditionnel? Semis de printemps ou semis d'automne? Nous avons fait pour cela huit bandes, dont un témoin», explique Pascal Devars, le technicien du GDA de Bourganeuf. Le Gnis propose une grille de diagnostic floral assez simple à utiliser. Elle tient compte des pourcentages de mauvaises dicotylédones et de bonnes graminées et légumineuses. A Fontloup, environ la moitié de la parcelle nécessitait une rénovation. Le témoin a été positionné sur la partie la moins dégradée. Sur la zone en expérimentation, cinq bandes ont été prévues pour un semis d'automne: deux avec une destruction mécanique au cover-crop (deux passages croisés) après une dernière fauche, à la fin de juin 2006. Les trois autres bandes ont subi une destruction chimique au glyphosate (5 l/ha). Il s'agissait ensuite de comparer le semis après labour, après un travail superficiel et avec un semoir spécifique de semis direct (Sulky). Les deux dernières bandes, destinées à un semis de printemps, ont subi à la fin d'octobre 2006, soit un désherbage total, soit un désherbage sélectif (3 l/ha d'Ariane). «Avec nos partenaires semenciers, nous avons décidé de semer un mélange de dactyle (23 kg/ha d'Accord), de ray-grass anglais (6 kg/ha d'Abercraigs) et de trèfle blanc (3 kg/ha d'Olwen), ceci sur toutes les bandes hors témoin», précise Pascal Devars.
Printemps ou automne?
Le 27 mars 2007, les deux bandes désherbées à l'automne présentaient des conditions idéales pour un semis de graines fourragères. «L'hiver et les lombrics avaient fait leur travail. Nous avions un lit de semence parfait, avec de la terre fine. La levée a été magnifique et la sécheresse d'avril 2007 fatale: tout a crevé. Il a fallu attendre la fin de l'été pour ressemer», explique le technicien. Conclusion: la réussite d'un semis de printemps est très liée aux conditions climatiques. En revanche, il n'y a pas eu d'accident sur le semis d'automne, réalisé le 31 août 2006. «L'expérience montre qu'en zone froide ou plus continentale, il faut semer avant le 15 septembre. J'ai vu des différences de 1 tonne de MS en première coupe entre un semis du 4 septembre et un autre du 14 septembre. Une installation lente de la fétuque ou du dactyle ne se rattrape pas.»
L'effet "compost" est le plus marqué
Le semis d'automne a reçu 250 kg/ha d'un engrais complet 14-8-18. Le témoin n'a reçu que 8 t/ha d'un compost bovin. Une des bandes détruites mécaniquement a également reçu 8 t/ha de fumier composté qui a été incorporé au vibroculteur. Aucune fertilisation n'a été réalisée au printemps afin d'observer au mieux le protocole le plus pertinent. Résultat, cette bande avec compost se démarque dès la levée avec un développement plus rapide qui se retrouve au printemps à l'herbomètre. «On peut supposer que le compost améliore la rétention de l'humidité lors des périodes sèches de l'automne. La graine a eu rapidement à sa disposition des éléments fertilisants. Il faut préciser pourtant que nous étions sur un sol déjà riche en matière organique et à pH correct.» Deuxième constat flagrant de l'essai: le labour ralentit la vitesse de levée. Un retard qui se retrouve au printemps. Le 11 avril, il y avait 0,75 tonne de matière sèche à l'hectare d'écart entre la bande «labour» et la bande «compost». La bande de semis direct ne se démarque pas vraiment, pas plus que la différence entre destruction chimique et mécanique. La destruction mécanique, qui impose de se débarrasser des mottes, peut être plus difficile à maîtriser. De son côté, l'utilisation du glyphosate peut être interdite par des programmes de protection de l'environnement (PHAE). «L'année 2007, très favorable à la pousse de l'herbe, a masqué un peu les différences. Au 15 mai, il n'y avait plus d'écart de rendement mesurable. Un été sec aurait sans doute marqué davantage. On peut penser que le semoir direct, avec un écartement plus faible, permet une meilleure répartition des graines. J'insisterai davantage sur la maîtrise de la profondeur du semis: 1 cm, c'est bon; 2 cm, c'est mauvais. Le semoir à céréales ne permet pas toujours cette précision.»
Attention aux toxinesLes agrostis et certains chiendents libèrent, lors de la dégradation de leurs racines, des toxines qui entravent la bonne germination des semences. Au moment de la destruction chimique d'une vieille prairie, il est donc conseillé d'attendre au moins un mois après le désherbage. Le semis immédiat reste possible si le semoir utilisé est équipé de socs avec dépot de la graine derrière. Celle-ci est alors au contact de la terre émiettée et isolée des racines en phase de dégradation. |
Témoignage: CLAUDE SKRZYPCZAK, éleveur à Fontloup, dans la Creuse «Faire Un ray-grass avant est une bonne piste»«Je dispose de 110 ha de prairies en partie non labourables avec, parfois, des dégradations. La destruction chimique ne me plaît pas et elle peut être interdite par un PHAE. Pour moi, l'idéal serait une destruction mécanique, à la fin de juin, après une coupe de foin. Derrière, on peut faire des passages de vibroculteur pour détruire les levées et être prêt à semer à la fin d'août. Le semis de printemps est trop aléatoire. On peut semer avec un semoir à céréales mais il faut être très attentif à un semis trop profond qui ralentit la levée. De manière générale, il n'est pas facile de réussir un dactyle ou une fétuque avec trèfle blanc derrrière une prairie permanente. L'idée de faire d'abord un ray-grass + trèfle violet est une bonne piste. On le garde deux ans avant de semer la prairie de longue durée.» |
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